Réflexions pour les confiné.e.s- semaine 2
Semaine 2 - #Economie et #Travail
Vendredi 27 mars
Tout le monde ne va pas si mal !
Rassurons-nous, si le coronavirus a fragilisé la plupart des secteurs, ralenti l’économie, fait chuter certains marchés et précarisé de nombreuses personnes, tout ne va pas si mal pour tout le monde… On aurait aimé que les paysans arrivent à valoriser des productions de qualité dans une économie qui s’est dépêchée de ralentir. Raté. Déjà, des premières pistes apparaissent et elles ne sont pas surprenantes :
Le e-commerce, face à la fermeture des boutiques et librairies, Amazon en première ligne; L’industrie pharmaceutique, panique aidant ; La grande distribution que la dernière annonce d’Edouard Philippe favorise à nouveau au détriment des marchés ouverts et donc entre autres des producteurs ; Les plateformes de livraison à domicile ; Les plateformes de streaming et vidéos payantes. S’il est encore un peu tôt pour compter les points (c’est à la fin de la foire qu’on compte les bouses), il nous appartient de faire au mieux des choix de consommation conscients et surtout de rester informés et en alerte. Les arbitrages politiques et économiques qui seront faits demain pour relancer la machine seront décisifs pour nombre de petites structures (entreprises, associations…) du privé comme pour le public.
S’il n’est pas évident d’agir dans la situation actuelle, rien ne nous empêche d’observer, de comprendre, d’analyser et de réfléchir. Voici quelques articles qui en disent déjà long :
Jeudi 26 mars
Précarité au travail et confinement : quand il n’y a pas de salaire…
Quel est le point commun entre, un intermittent du spectacle, la gérante
d’un petit commerce, un chauffeur uber, un ouvrier intérimaire ou en
cdd, une chargée de cour vacataire ou un couturier en auto-entreprise ?
Réponses : Pour toutes ces personnes, le confinement et la mise au
ralenti de l’activité économique sont synonyme de mise en péril du
revenu et de difficultés à venir ou immédiates !
Face aux conséquences économiques de l’épidémie, les premières mesures
ont concerné les salariés en cdi et les fonctionnaires (extension du
dispositif de chômage partiel, assouplissement des arrêts de travail…)
ou bien les entreprises (report de paiement des cotisations sociales…).
Aujourd’hui le Covid-19 vient mettre encore plus en difficultés ceux et
celles déjà pénalisés par l’organisation du marché du travail dans notre
société.
Voici trois articles pour aborder cette question :
Mercredi 25 mars
Une crise peut en cacher une autre : et si l’épidémie de coronavirus servait de prétexte à une nouvelle “Loi Travail” :
Votre employeur va t-il pouvoir vous obliger à poser vos congés pendant le confinement ?
Est-ce la fin de la durée légale du travail ?
Le 16 Mars, dans son adresse aux Français, le président Emmanuel Macron a appelé à une “union nationale” contre l’épidémie de Coronavirus et à demander à tous et toutes de participer à l’effort dans la lutte contre l’épidémie. Dans cette optique, le gouvernement a ajourné plusieurs réformes controversés, telle celle concernant les retraites où encore l’application des nouvelles modalités de calcul des indemnités chômages, prévue initialement le 1 avril 2020. Une semaine après, la colère et l’incompréhension guette plusieurs syndicats de salariés. En cause, les dispositions de la loi d’urgence sanitaire concernant le droit du travail.
Nous vous proposons aujourd’hui d’aborder cette question à travers plusieurs articles. Vos témoignages et avis sont bien entendu comme chaque jours, les bienvenus.
Mardi 24 mars
Pour ce deuxième jour “Economie et travail”, nous voulions interroger les inégalités qui rendent le confinement possible voire confortable pour certain.e.s, impossible voire dangereux pour d’autres. Les discours d’union nationale et de “guerre” masquent mal la fragilité d’un système économique et social où des dominé.e.s sont envoyé.e.s sans armes au front pour que la vie puisse continuer dans l’ensemble du pays. Nous vous partageons la photographie d’une banderole déployée en Espagne dénonçant : “La romantisation de la quarantaine est un privilège de classe”. Nous vous partageons également ce texte de la politologue et militante féministe et anticoloniale Françoise Vergès.
“Il y a donc désormais les confiné.e.s et les non-confiné.e.s qui assurent la vie quotidienne des premiers – qui apportent les denrées aux boutiques, qui rangent sur les étagères, nettoient, tiennent la caisse, les éboueurs, les postier.e.s, les livreurs (j’en ai vu 3 déjà depuis ce matin), les conductrices/conducteurs de transport, les femmes de ménage des hôtels et les serveuses/serveurs des hôtels (qui restent ouverts et assurent un room service), et tant d’autres. Classe, genre, âge, racialisation, santé traversent les deux groupes mais les non-confiné.e.s sont les plus exposé.e.s. Dans les éléments du confinement, il y a celles/ceux qui vivent dans 12m2 et celles/ceux dans 150m2, qui peuvent se faire livrer ou pas, qui ont de quoi s’abonner à des tas de sites de streaming ou pas, qui ont un grand débit pour assurer les cours à la maison ou pas, qui peuvent aider les enfants à faire les leçons ou pas, qui ont un ordinateur et une imprimante ou pas, qui sont totalement isolées ou pas, qui ont des papiers ou pas, qui sont financièrement à l’aise ou pas, les femmes et enfants qui vivent avec des compagnons violents, les femmes seules avec des enfants, bref, des milliers et milliers de situations noyées sous le discours d’union nationale dans un pays où les inégalités, les violences d’état, le racisme et le sexisme organisent la vie sociale depuis des années. Les actes de solidarité, nombreux, qui s’organisent et sont formidables ne doivent pas remplacer les responsabilités de l’état. (Je parle là de la vie quotidienne, pas du personnel médical et de toutes les personnes qui assurent la vie d’un hôpital – donc aussi celles/ceux qui nettoient, gardent, font l’administration…- évidemment très exposé).
Le confinement est rendu possible grâce à toutes ces personnes invisibilisées et bien trop souvent mal payées et exploitées.” Françoise Vergès
Les discussions, réflexions, apports, questions, sont ouvertes !
Lundi 23 mars
Si la crise que nous traversons est bien sanitaire, ne nous y trompons pas, la manière dont nous y faisons collectivement face est elle tout à fait politique.
Et la première porte d’entrée que nous vous proposons pour cette semaine consacrée aux questions d’économie et travail, est celle de la crise de l’hôpital. Elle n’est ni nouvelle, ni surprenante. Chacun.e a en tête les fermetures de services des petits hôpitaux, les heures d’attentes aux urgences et les multiples sonnettes d’alarme tirées par le personnel soignant et médical.
Nos systèmes de santé sont de plus en plus pensés, organisés et managés comme des entreprises : tâches découpées, minutées, cadencées, recherche d’optimisation et d’un équilibre à flux tendus, centralisation dans de grandes unités et réduction drastique des dépenses. La variable d’ajustement : les personnes. Celles et ceux qu’on applaudit tous les soirs “en héros”. Celles et ceux qu’on a mis au pied du mur.
Or, c’est à une société “du care”, basée sur le soin de l’autre, à laquelle nous aspirons. A un environnement médical où les personnels peuvent accueillir les patient.e.s en sécurité, en prenant le temps, en les humanisant.
Nous vous proposons un petit détour par l’Italie, poser un regard un peu amer sur un système de santé qui n’aurait pas dû être défectueux.
“Nous laissons les médecins combattre Covid-19, mais c’est à nous de lutter contre le virus de l’austérité”.
Article de presse (Investigaction)
Sur 35 pays, la France se classe au 19e rang loin, très loin des trois premiers pays ayant le plus de lits en soins intensifs à offrir à leurs habitants, l’Italie, au 24ème rang.
(Crédits : OCDE (2020), Lits d’hôpitaux (indicateur). doi: 10.1787/9b82df80-fr)